Est-ce que mon Cheval est Calme et Connecté?

Monter à cheval c’est un sport de l’extrême

Pat Parelli

Cet hiver lors d’une séance montée, Pat Parelli nous a dit « Vous voulez monter à cheval? Sachez que c’est un sport de l’extrême ». Cela demande d’être centré à tout moment, émotionnellement, mentalement, physiquement. Encore plus quand rien ne va plus!

Je rajouterai, le cheval c’est comme une savonnette, on n’en fait pas toujours ce que l’on veut et ça peut glisser hors de notre contrôle vitesse grand « V ».

Toowomba en confiance

Aujourd’hui j’ai vécu un moment « Hhhhmm Intéressant » avec une de mes juments qui a complètement perdue son calme sans raison compréhensible à 800m de la maison après une sortie tranquille. A l’aller nous étions peinards elle et moi, pas, trot, galop, arrêt, puis brouter dans les chemins. RAS. Le retour s’est fait au pas sur le même itinéraire en compagnie d’un jeune cheval monté en extérieur pour la première fois. Tout s’est très bien passé. Sur 90% du trajet, RAS. Puis soudain, panique totale! Sans raison apparente et sans que cela soit partagé par l’autre cheval, grosse panique, sueur, tête haute, respiration saccadée, souffle court, haut et fort. Il y a eut cette expulsion d’air express qui précède la fuite, accompagnée d’une grande tension musculaire.

Après avoir cherché à identifier la source de son stress (vaches, renard, blaireau, loup, sorcière? bruit dans les arbres, ombres ? ou tout ensemble?) J’ai laissé tombé et je me suis focalisée sur la recentrer sur moi et nos exercices. J’ai rapidement mis en oeuvre le plan « recentrage d’Arwen » en longe au sol pour ne pas stresser le jeune cheval et sa cavalière. Après tout ils comptaient sur nous pour finir dignement cette splendide sortie.

S’en suit alors 15 minutes de reculer, de latéral, de rênes indirectes, flexions, mais rien n’y fait. Sa peur est vraiment ancrée, c’est un stress incroyablement puissant mais qui semble infondé puisque Arwen est seule dans cet état.

Cela m’a donné envie de partager plus amplement sur le sujet parce que des réactions de peurs sont le lot commun d’absolument tous les cavaliers. Du spécialiste de dressage niveau Grand Prix, au guide de tourisme équestre, en passant par le meneur d’attelage, le débutant en club poney, l’instructeur à Saumur, le cowboy au Colorado, le cascadeur au Puy du fou… Tout le monde est concerné.

Cheval = Peur/Anxiété/Stress

Arrivée des Chars à voile

Il va toujours y avoir ces émotions à un moment donné dans une vie au contact des chevaux, ou alors votre cheval est sur un manège en bois et le seul danger qu’il présente est d’être vermoulu.

La formule magique pour que tout se passe merveilleusement bien avec n’importe quel cheval est :

  • Calme
  • Connecté
  • Réponds correctement
  • Souple
  • Succès!

C’est l’objectif à viser, chaque fois, dans chaque séance, à tout moment.

Je poste donc dans mon blog ce tout premier article!

C’est mon adaptation en français d’un texte de Linda Parelli sur le sujet de la gestion du stress avec son cheval. C’est très, très motivant de s’en inspirer quand tout dégénère avec son cheval, qu’il n’est plus calme, ni connecté, qu’il donne des réponses dangereuses, qu’il perd sa souplesse et que le succès s’éloigne!

Voici les éléments. Cela comprend d’abord une lecture de la situation, puis une trame de travail assez détaillée. Reprenons avec la norme en point de départ :

Calme

Comment est-ce que je sais que mon cheval est calme ?
Il est rythmé dans ses mouvements, n’a pas de tension musculaire, sa respiration est normale, sa tête est en position basse (juste au dessus ou sous le garrot), ses paupières clignotent, ses yeux ne sont pas écarquillés, il ne ressent pas le besoin de fuir. Il n’émet pas le souffle court et puissant qui annonce une fuite imminente.

Connecté

Comment est-ce que je sais qu’il est connecté ?
Le cheval est « avec moi ». Il cherche mon regard, mon contact, me pause une question au lieu de chercher des réponses ailleurs loin de moi, vers d’autres chevaux ou vers d’autres endroits (écurie, etc.)

Répond Correctement

Comment est-ce que je sais qu’il répond correctement ?
Il part quand je lui demande, s’arrête quand je lui demande, tourne quand je lui demande, avec des phases subtiles, des pressions légères. Il ne sur-réagit pas, ou à contrario il n’est pas complètement éteint.

Souple

Comment est-ce que je sais que mon cheval est souple ?
Il ne se raidit pas et ne s’appuie pas.

Succès

Comment est-ce que je sais qu’il a un sentiment de succès ?
Il a une bonne tête, il est content de me donner la bonne réponse.

L’idée n’est pas de chercher la perfection d’exécution dans ce que l’on demande à son cheval mais de viser à obtenir une qualité de réponse et au strict minimum un dialogue (C’est à dire : deux individus qui partagent un temps de communication et s’entendent sur la même idée). Toutes les planètes ne s’alignent pas exactement à chaque fois mais je reconnais ce que j’ai et ce qui me manque et j’y travaille consciemment.

Cette formule que Linda Parelli partage : « Calme, Connecté, Répond Correctement, Souple, Succès » constitue un travail sur le partenariat. En faisant attention au détail et en adressant ces éléments dès leur moindre manifestation, la relation s’améliore et de ce fait la sécurité dans nos activités communes. C’est comprendre l’importance de l’état émotionnel et comportemental de mon cheval, autant au sol que monté. C’est un idéal et un plan de travail. Ils sont présentés par ordre d’importance. Sans le calme je n’aurais pas le reste. La peur empêche tout enseignement valable pour quiconque. La seule éventuelle interchangeabilité est entre Connection et Réponse Adaptée.

Les questions à se pauser sont :

• « Ai-je perdu le calme? » Si mon cheval est tendu, agité, à peur, fais des écarts. Si Je dois le retenir pour essayer de le contrôler… Alors oui!

« Ai-je perdu la connection? » Si mon cheval est distrait, ne fait pas attention à ce que nous faisons ensemble, s’il n’a aucun focus… Alors oui!

« Ai-je perdu la qualité de réponse? » Est-ce que je travaille plus que mon cheval vers l’objectif? Ou est-ce que je suis obligée d’appliquer beaucoup trop de pression? Un cheval ressent une mouche sur sa peau, s’il ne sent pas mes demandes c’est qu’il choisit de m’ignorer. Je dois être plus exigeant sur la qualité de réponse. Mon cheval doit céder correctement aux pressions que j’émet et il doit même chercher la relâche plutôt que de pousser contre. Sinon oui j’ai effectivement perdu la qualité de réponse, voir je n’ai aucune réponse!

« Ai-je perdu la souplesse ? » Est-il plus tendu d’un côté que de l’autre? Est-ce qu’il tourne mieux d’un côté que de l’autre? Est-ce que ma selle tourne? Est-ce qu’il résiste dans son corps (a-t-il une encolure sur-développée en dessous de type col de cygne, un dos creux?) … Alors oui j’ai perdu sa souplesse!

« Ai-je un cheval qui a un sentiment de succès? » Est-il de mauvaise humeur, confus, pas motivé, résistant, difficile? Il faut absolument lui faire ressentir mes émotions positives lorsqu’il fait quelque chose de bien. Pour qu’il fasse bien il faut aussi être très, très clair sur les attentes que nous avons vis à vis de lui et le projet que nous avons à lui présenter. Sinon effectivement il n’a pas de sentiment de succès! Il ne saura pas vraiment quand il fait bien ni peut être même ce qui est attendu de lui.

Toowomba les oreilles en avant, entre observation au loin et état d’alerte

Si je perds Calme, Connecté, Réponse Correcte, Souplesse, Succès…

Je fais quoi pour résoudre mes problèmes?

Numéro 1 : Retrouver le Calme

Essayez différentes choses pour voir ce qui fonctionne pour vous et votre cheval.

Les Stratégies au sol
• S’il est Cerveau Droit (impulsif/apeuré) – poussez les postérieurs. Vous allez désengager au lieu de tirer sur la longe, qu’il ne se sente pas pris au piège en bloquant devant mais bien qu’il brise sa fuite en croisant les postérieurs pour se retrouver face à vous.
• S’il est Cerveau Gauche (réfléchit/dominant) – poussez le nez (Faites des “Touch It”/touchez des objets en longe. Faites le aussi changer de sens par des 8 ou des feuilles mortes. Vous pouvez aussi repousser son nez à chaque demi-cercle lors du jeu du cercle, puis redevenez neutre et récompensez avec un encouragement verbal.
• Appliquez « retrait et ré-approche », pour construire sa confiance.
• Jouez à “Tu devrais courir” (si la situation le permet) en encourageant le mouvement sur le cercle.
• Monter votre énergie au même niveau que celle du cheval sans en rajouter.
• Focaliser le cheval! En lui faisant mettre ses antérieurs sur des objets.
• Jouez a « Reste Tranquille » (tiens dans la boite virtuelle que j’ai dessinée autour de toi! Surtout n’en sort pas ou c’est moi qui devient zinzin.)
• Faites lui faire des déplacements latéraux rapides (au trot, voir au galop parfois)
• Effectuez des Feuilles Mortes en ligne. Vous marchez droit et vous lui faites faire des changement d’oeuil en le poussant devant vous.
• Jouez à ne pas le retenir, utilisez des stratégies ou l’environnement à votre avantage, plutôt que des gadgets ou des moyens mécaniques.

Les Stratégies Monté
• Flexion latérale en relâchant uniquement sur de la relaxation.
• Rênes indirectes qui vont agir comme des désengagés partiels.
• Monter en allant de l’avant en tout petit cercle (taille d’un hula hoop) jusqu’à ce que le cheval demande à ralentir. Faites des spirales serrées et en ressortir en spirale, autant que nécessaire.
• Monter son énergie au même niveau que celle du cheval mais ne pas en rajouter.
• Focaliser le cheval! – lui faire mettre ses antérieurs sur des objets. • « Reste Tranquille » (tiens dans la boite virtuelle que j’ai dessinée!)
• Transitions descendantes avec votre jambe interne (sur de petits cercles)
• Effectuer des tournant à angle droit/Rênes directes
• Reculer jusqu’à la relaxation au lieu de le retenir s’il paddock vers un endroit qui est votre destination
• Faire demi-tour et partir en sens inverse s’il paddock vers un endroit qui est votre destination
• Déplacements latéraux
• Ne pas le retenir, utiliser des stratégies plutôt que des gadgets ou des moyens mécaniques.

Numéro 2 ou Numéro 3 : Avoir plus de Connection ou de la re-Connection

Au sol & monté
• Jeux de « Touch It » (toucher des objets avec le nez) (au sol et monté)
• Target Game/ « Touch it » monté
• Repousser plus (cheval cerveau gauche)
• Aspirer/attirer plus (cheval cerveau droit)
• Assurez vous d’être mentalement connecté avec votre cheval et pas juste avec l’objectif
• Soyez difficile à ignorer!
• Donnez lui une conséquence à son manque de connection ou sa disconnection
• Soyez clair (ayez une photo mentale de ce que vous voulez) et aidez le cheval à l’identifier en lui expliquant posément puis restez neutre
• Arrêtez quand votre cheval comprend ce que vous voulez. N’en rajoutez pas.

Numéro 2 ou Numéro 3 : Avoir une Réponse Polie et Respectueuse

Au sol & monté
• N’acceptez pas une qualité de réponse en dessous d’un 7 sur 10! Travaillez toujours à améliorer la réponse elle ne doit pas devenir pire ou moins qualiteuse, mais toujours meilleure en attitude, exécution, etc.
• Préparez et attendez que le cheval réponde
◦ Montez la pression graduellement en phase 1 (subtil), puis 2 (je double l’intensité du message que je veux communiquer) puis ATTENDEZ que le cheval puisse réfléchir et choisir de répondre ou pas, ensuite recommencez en phase 1, 2 puis 3 (je triple) et 4 (je suis efficace). Pas de phases au delà. Recommencez simplement de la même façon mais avec une idée de l’intensité qui sera adaptée pour ce cheval là puisque vous avez déjà le bénéfice d’avoir essayé.
◦ Gardez la même intensité, n’augmentez pas et ne diminuez pas la pression. Acceptez que le cheval s’éloigne et cherche du confort ailleurs… ou vous donne la réponse de l’harmonie.

Ou bien si votre cheval est trop déconnecté et ne répond pas du tout, vous devez demander un céder à la pression :
◦ Augmentez l’intensité de la demande avec un phasage graduel jusqu’à ce que vous soyez sur la même intensité que la résistance que vous donne le cheval (pas trop rapide ou cela sera de l’impatience, de la colère et de la frustration) peu importe le Jeux dont nous parlons.
• TAP-TAP (Si le cheval ne donne aucune réponse) – Tapoter l’épaule avec une intensité croissante toute les trois secondes.
• Plink Plink (Pour manifester une demande de « fais un peu plus d’effort ») – Tapoter l’épaule toute les trois secondes mais avec exactement la même intensité à chaque fois (C’est le principe de la torture à la goutte d’eau qui tombe) N’augmentez pas la pression, restez en phase 1 ou 2. Soyez persistant jusqu’à ce que le cheval vous donne la réponse attendue puis… devenez neutre, donner lui le confort et la relâche attendue, jusqu’à ce qu’il rompt à nouveau le contrat et là recommencez! Faites confiance mais soyez prêt à intervenir si nécessaire pour corriger, pas plus l’un que l’autre. La clé est de laisser le cheval trouver son confort seul dès lors qu’il fait ce qu’il faut. Ne le poursuivez pas avec des demandes incessantes s’il fait ce qu’il faut.

Numéro 4 : Soit plus souple – arrête de t’appuyer!

Au sol
• Encouragez votre cheval à trouver son calme. S’il n’est pas souple, il n’y a pas un vrai calme. Même s’il ne bouge pas !
• Utilisez les Spirales/cercles/demi-cercles/serpentines
• Faites des désengagés partiels – poussez les postérieurs sur de petits cercles
• Utilisez la technique de la Feuille morte
• Beaucoup de Latéral

Monté
• Encouragez votre cheval à trouver son calme !
• Allez moins vite. Trouvez la vitesse qui correspond à votre cheval – pas trop lentement, pas trop vite, juste bien afin qu’il se détente. C’est souvent ce mouvement actif mais pas en train de faire la course.
• Gardez un rythme posé, constant et une vitesse qui est toujours la même, n’acceptez pas les variations d’allures.
• Demandez une légère flexion d’encolure que le cheval ne garde pas de tension, qu’il s’étende et se détende (faites le en mouvement au pas, au trot, au galop – sur des cercles, des lignes droites, demandez des plis d’encolures léger dans un sens et dans l’autre) :
• Plier le corps (dans la décontraction):
◦ Cession à la jambe sur le cercle
◦ Epaule en dedans
◦ Hanches en dedans
• Appliquez la pression progressivement.
• Prenez le temps et faites les choses avec considération surtout lorsque vous manipulez les rênes et encore plus en voyageant en ligne droite.
• Ne soyez pas vous même tendu dans votre corps, votre esprit, vos émotions.
• Utilisez l’exercice de la « Rêne d’assouplissement » (Supple Rein) ou exercise de faire un 8 avec une rêne
• « Soft Touch » avec le mors (maintenir un contact constant peut importe où le cheval met sa tête, n’essayez pas de le bloquer ou de l’en empêcher) mais maintenez un contact constant et doux jusqu’à ce que le cheval ne se défende plus et ne se sente plus bloqué.
• « Ride the Line » suivre une ligne au sol avec beaucoup de serpentines et changements de directions en demi-cercles.

Numéro 5 : Succès, ou faire en sorte que votre cheval se sente le héro!

Quand votre cheval est en difficulté et n’a pas l’air heureux c’est souvent qu’il n’a pas compris l’objectif. Soyez clair sur le but et cela va aider le cheval à comprendre :

Au sol & monté
• Assurez-vous que le cheval a compris votre objectif. Qu’il sait : ce que vous attendez de lui, où il doit aller, à quelle allure, quelle rythme/vitesse, quelle qualité de réponse, quelle position de son corps, quelle attitude, etc.
• Donnez lui des directives claires pour qu’il ne soit pas confus
• Soyez émotionnellement, physiquement, mentalement stable
• Traitez le de manière positive même s’il fait des bêtises ou ne donne pas la bonne réponse!
• Beaucoup de “Bravo” et “C’est bien!” tout en continuant de demander même s’il ne fait pas correctement!
• Donnez (du mou, des rênes, relâchez vos doigts, vos crispations, ne vous agrippez pas!)
• Récompensez souvent! Dès qu’il fait quelque chose de bien, faites le lui savoir! (donnez les rênes, laissez brouter, arrêtez tout, faites une pause, relaxez vous, etc. )
• Soyez stable émotionnellement. Vous êtes le partenaire principal, le responsable et l’enseignant du cheval que vous montez, ou que vous tenez en longe, que vous soyez son propriétaire ou pas!

Vous devez contrôler votre corps et vos émotions ou tout du moins cherchez a vous améliorer sur ce sujet chaque jour. Si votre cheval n’est pas stable émotionnellement vous devez l’être pour deux!

Si les vaches l’inquiétait, elle ne brouterait pas ou alors nerveusement

Pour la suite de mon histoire avec Arwen qui panique sans raisons apparentes!

Après avoir utilisé une partie de ces techniques, Arwen étant un tantinet plus calme au bout de 15 minutes de manipulation au sol, je suis remontée. Puis finalement redescendue illico-presto! De gentils voisins sont apparus à vélo dernière nous sur le chemin étroit et Arwen a recommencé directe à perdre les pédales, c’était un paramètre de trop encore trop tôt!

Plus que 300m à pied pour arriver dans la pâture à la maison, puis dans notre cours avec d’autres chevaux de son troupeau. Mais étrangement elle ne retrouve pas son calme. Vraiment pas! C’est incompréhensible. Je la prends alors en longe 20 minutes chez nous sur des déplacements divers : latéral, cercles, changement de direction, sauts, cavaletti, feuille morte etc. Toujours pas calme, ni connecté.

Je la ramène dans la cours. Elle n’est toujours pas apaisée ou connectée. Suffisamment cependant pour que je décide de la laisser à l’attache 20 minutes. Je reviens et ré-évalue… Arwen toujours pas sereine. Aucun des autres chevaux à proximité ne montre son niveau de stress dans cet environnement habituel. Je pense alors aux hormones des chaleurs. Pourquoi pas? Ce peut être une raison de son stress. Les juments se sont battues hier et Arwen faisait partie du lot. Je décide de retourner par la pâture, puis par la rue au bout du chemin où son état émotionnel à changé un peu plus tôt. J’y vais à pied avec ma jument à reculons et en latéral, parce qu’elle est toujours aussi « zinzin » et apeurée. Je passe 45 minutes au sol avec approche-retrait, à essayer de la faire brouter des herbes qu’habituellement elle adore et dont elle se délecte mais qu’elle ne touche plus. Une bonne indication du niveau de stress est aussi quand un cheval facilement gourmand ne veut même pas du bout de pomme, de la carotte, de la bonne herbe ou du seau devant lui. La peur retient de manger. C’est une information importante. Parfois les chevaux ne bougent pas beaucoup, il ne paraissent pas en stress, mais ils ne touchent quand même pas à leur gourmandise habituelle. Alors il y a stress.

Je fais faire à Arwen non stop : du latéral, des cercles, des reculés, flexions, rênes indirectes, rênes directes… Tout y passe sur une distance d’un kilomètre aller-retour, aller-retour et rebelotte avec des petites pauses pour vérifier si ça va mieux, si elle s’ébroue, se relaxe, se met à brouter, change sa respiration, perd son oeuil apeuré? Rien!

Je n’identifie toujours pas précisément où est le soucis, ni pourquoi elle est apeurée mais c’est une « zone » d’environ 1 km proche de la maison. Des promeneurs avec un chien passent. Le chien que je connais qui est plutôt nerveux ne réagit à rien. Je me souviens de jeunes génisses sauvées par ici dont Arwen avait eu peur lors d’une sortie hivernale. C’est peut-être un rappel de cela? Pour le moment les vaches sont calmes. Même si elles ont joués ou bougés à la pause de midi, maintenant, tous les troupeaux visibles aux alentours partout sont calmes. Il y a un petit vent qui bruisse dans les arbres mais rien d’inhabituel. C’est incompréhensible. Arwen à 12 ans, elle est née ici et connait cet endroit, elle fait beaucoup d’activités et est montée régulièrement en extérieur. Pourtant elle est toujours aussi apeurée et azimutée sur un chemin qu’elle pratique avec moi seule ou avec d’autres chevaux et cavaliers depuis toujours.

Je persévère jusqu’à ce que je puisse remonter et continue mes exercices de re-focalisation, de calme et recentrage. Les mêmes qu’au sol mais monté. En tout, cela représente 1h30 de jeux hyper précis (beaucoup de reculer, latéral, flexion, rêne indirecte en lui disant mentalement pour avoir des doigts souples et un corps relax, « il n’y a pas de piège » et en étant au même niveau d’énergie qu’elle. Enfin au bout d’une heure trente j’arrive à avoir un cheval qui s’ébroue et broute et me fait départ au galop, arrêt, reculé sur le bordure de la route, en licol rênes lâches.

Petite pause, puis c’est repartit elle revient en état d’alerte!

A aucun moment je suis frustrée ou en colère ou émotionnellement instable. J’ai le temps et je prends le temps. C’est trop important d’aider ma partenaire à retrouver sa stabilité.

Confiance et repos réciproque

Alors je reprends encore 15 minutes avant de rentrer avec une Arwen à peut prêt relax, en rajoutant des exercices, dès que son état émotionnel montre le moindre changement. Je finis avec du galop et du saut en pâture et le schéma du trèfle sans toucher à mes rênes les bras croisés au trot en carrière avec la porte ouverte. Elle exécute et les gens qui nous regarde ne remarquerait rien. Même au retour sur une bonne partie de la séance le stress était subtil mais moi je sais quand mon cheval est vraiment relax et quand il reste des vestiges de stress et d’anxiété. Le cheval étant comme un mille feuille les stress se cumulent. Quand on ne les adressent pas un par un, d’un seul coup la couche la plus récente devient celle de trop.

Il m’a fallut une persévérance et une détermination incroyable à rester sur mes schémas de manière posé avec l’idée que c’était pour l’aider et pour la recentrer.

En tout les cas ne pas désespérer, au bout d’un moment ça fonctionne! Et comme qui dirait:

« Je n’ai jamais vu ça prendre plus de deux jours »

Pat Parelli

Il veut dire d’affilés! Je ne sais pas rester deux jours en continu à cheval alors j’accepte d’avoir fait mon maximum pour cette fois. Le stress d’Arwen est considérablement descendu. II n’y a qu’un petit résidu. Puisque nous finissons sur un énorme mieux, demain je retourne sur ce chemin et je verrais bien quelle jument sera au rendez-vous.

Est-ce que ce sera ma partenaire de jeux, celle qui excelle à la connection en liberté, la monte en cordelette sur la plage ou le cheval sauvage qui sommeille en elle? J’y retournerais peut-être après demain aussi et ainsi de suite. Où alors je travaillerais sur des simulations de stress et des catastrophes contrôlées. Je ne présume jamais rien et la seule chose que je sais et que le leader c’est celui avec le projet. Quoi qu’il arrive si l’idée m’effleure de descendre et bien je descends. Mon projet et moi restons intact. Nous passons simplement au plan B au sol.

Je gère et je persévère avec toute la gamme de savoir-faire dans mon arsenal. D’abord pour rester centrée moi dans mon corps, ma tête et mes émotions puis pour re-centrer mon cheval.

Les 7 jeux sont des éléments clés de ma boîte à outil. Il faut vraiment les jouer et gagner ensemble avec le cheval! En particulier ces éléments là vont beaucoup aider :

  • Les Déplacements Latéraux!
  • Les Espaces Etroits
  • Un Travail sur Soi
  • La Bonne Philosophie

Le Déplacement Latéral, une explication expresse

Pas facile les les déplacements latéraux mais ils doivent être fonctionnels. Le cheval croise devant et croise derrière. Il bouge mais il n’active pas toute sa propulsion en mode fuite. La qualité viendra en allant. C’est un point d’équilibre! Notamment demandez-vous :

« Est-ce que mon cheval croise vraiment ses antérieurs et ses postérieurs simultanément et bouge vers la droite ou vers la gauche sans avancer ou reculer? »

« Est ce que les postérieurs croisent vraiment ou est-ce que mon cheval voyage trop droit? » Si c’est le cas, poussez plus l’arrière train pour que les postérieurs croisent.

« Est-ce que l’encolure est trop pliée? Trop inclinée vers vous? » Alors poussez plus le nez pour l’éloigner. Le mouvement latéral est correcte avec une encolure et un corps droit dans le sens du déplacement. Il ne doit pas avoir une flexion totale et son corps de travers. Le latéral, c’est la clé des tournants correctes, des changements de pied au galop (au vol et changements simples), de la suspension, du placé et d’un cheval collecté (physiquement, émotionnellement, mentalement). Faites en un peu chaque jour pour que ce soit un ingrédient qui devienne un atout pour vous avec votre cheval.

Les Espaces Etroits :

  • Soyez imaginatifs trouvez des moyens de faire passer votre cheval dans plein d’espace étroits qu’il ne soit plus stressé par ceux-ci : sur des choses, sous des trucs, entre deux éléments (vous et la clôture, deux barils, etc). Expérimentez avec des passages étroits de nature et de taille différentes. Sachez que vos rênes, vos mains, vos jambes quand vous êtes monté sont des passages étroits.
  • Appliquez votre compréhension des passage étroits à des choses concrètes : ponts, saut, traversée de point d’eau, mettre la selle (surtout sangler) et monter dans le van.
  • Améliorez les céder à la pression physique et à la masse d’air, renforcez le jeux de l’amitié (la mise en confiance), le yo-yo (travail sur l’impulsion) et le cercle.
  • Ce sont les 7 JEUX! Pas les 7 Tortures. Ne pas en faire des boulots ennuyeux ou des moments désagréables pour le cheval ! Soyez vous même joueur et de bonne humeur.
  • L’approche juste des 7 jeux et de voir cela comme un outil de communication avec son cheval. C’est un outil pour faire des choses ensemble.

Continuer à s’améliorer :

C’est de notre responsabilité à chacun d’être un excellent cavalier pour notre cheval. Cela ne veut pas dire être un cavalier qui fait de l’équitation de haut niveau. Cela veut dire comprendre le point de vue du cheval : Quel cavalier lui ferait le plus plaisir, le plus de bien ? Une personne équilibrée physiquement, mentalement et émotionnellement. Quelqu’un en harmonie avec ses mouvements, qui tient les rênes avec du feeling et de l’attention, qui appliques les aides avec savoir-faire, tact et de manière juste. C’est de notre responsabilité d’être le meilleur cavalier que nous puissions pour notre cheval.

  • Se mettre debout sur les étriers le plus possible, au pas, au trot, au galop, pendant les transitions – au maximum – pour travailler son équilibre.
  • Faire des moulins avec les bras – en cercles, les deux bras dans un sens puis dans l’autre. Cela travaille la posture avec fluidité, assure l’équilibre du torse, l’indépendance des mains et la rectitude.
  • S’asseoir sur son point d’équilibre – apprendre à être bien assis en plaçant sa main sur la croupe pour sentir son assise stable, le coccyx au contact de sa selle.

La Bonne Philosophie

  • L’objectif n’est pas tout! Prenez soins de l’état mental et émotionnel de votre cheval et de votre relationnel au mieux de ce que vous pouvez. Si l’objectif a atteindre passe avant cela, vous allez peut-être réussir mais au détriment de votre relationnel. Votre cheval sera tendu, pas très heureux. En fin de compte il exécutera ce que vous demandez mais dans un état émotionnel négatif.
  • Ce ne sera jamais parfait! La plupart du temps c’est loin d’être parfait. Le processus n’a pas besoin de ressembler au résultat final! Il suffit de construire pas à pas, patiemment. D’un seul coup et souvent assez rapidement, cela va aller plus vite que prévu avec un résultat de meilleure qualité. Si vous avez comme objectif une réponse de qualité, en prenant le temps vous l’obtiendrez. Le pire est de ne pas prendre en compte la qualité de réponse et d’ignorer les besoins du cheval. Si ses réponses sont molles, sans enthousiasme, systématiquement agressives, émotives, tendues… adressez le sujet. A contrario si vous êtes tellement inquiet que votre cheval ne soit pas heureux que vous n’osez rien lui demander, le progrès ne sera pas au rendez-vous non plus!
  • Soyez tolérant. Nous sommes souvent en situation d’apprentissage et le cheval aussi. Parfois nous nous sentons incompétent mais c’est normal. On ne peux pas tout savoir et être bon en tout! Si j’accepte de tâtonner et de me tromper en toute bonne fois, je progresse.
  • Hhmm intéressant! Quand quelque chose ne vas pas dans mon sens ou ne se déroule pas comme prévu, je dois penser « Hhmmm Intéressant » pour rester cerveau gauche (réfléchir/agir posément) dans une situation cerveau droit (émotive, tendue, stressante). Cela aide à prendre en compte avec assurance tous les paramètres de la situation et prendre les bonnes décisions au lieu de réagir.

Voici quelques challenges sympas pour prévenir plutôt que guérir

Marchez votre cheval dans les flaques!

La plupart des chevaux détestent passer droit dans les flaques, il les évitent. C’est une opportunité d’améliorer son leadership en tenant une ligne que le cheval doit respecter. C’est un jeu du passage étroit donc utilisez les bons principes s’il est stressé, notamment : Retrait-approche, faire le tour à un oeuil, puis à l’autre et ensuite arriver droit en face jusqu’à ce qu’il accepte de flairer puis mettre un pied.
Le plus important est de faire en sorte qu’il développe sa curiosité avec vous, qu’il ait envie de mettre les pieds plutôt que simplement le forcer. Forcer fonctionne (parfois) mais le cheval reste en stress et votre relationnel et sa confiance en vous va en pâtir. Peut-être que cela sera difficile aujourd’hui mais demain et après demain en persévérant la réponse et le relationnel vont s’améliorer dès lors qu’à chaque fois vous finissez sur un élément positif pour lui et vous. Cela deviendra ensuite facilement son idée de faire ce que vous demandez.

Définissez un Plan d’action avant de commencer

Vous avez quel objectif dans votre séance? Prenez l’habitude d’avoir formalisé ce que vous voulez obtenir dans votre séance avec votre cheval; example : Aujourd’hui je vais :
• Améliorer… sa confiance / relaxation / réponse / souplesse.
• M’entrainer et améliorer ce que nous savons déjà faire ou essayer quelque chose de nouveau, de plus élaboré … avec le van, la tondeuse, les changements de pied au galop, monter en groupe, le polocrosse, etc.

Quelle image avez-vous du comportement que vous attendez de votre cheval pour le licoler, le mener en longe, le brosser, seller, mettre le filet, jouer en longe au sol, le monter…

La vision clé est : Calme, Connecté, qui donne une Réponse adaptée, Souple, Succès

Exprimez de la clarté sur vos attentes avec une projection mentale positive. Votre cheval pourra y répondre et vous donner la réponse attendue. Il ne vous la donnera pas si vous n’avez pas d’attentes claires. Rome ne s’est pas construite en un jour. Ce sont les petits progrès mis bout à bout qui font le succès. Commencez en amont avant d’être face au problème. Soyez patient, augmentez votre savoir-faire et ayez de la compassion et de la bienveillance envers le cheval, il vous le rendra.

Si cet article vous interpelle, si vous avez des questions ou besoin d’aide pour progresser, pour avancer sur ces sujets avec votre cheval, contactez moi. Je vie chaque jour avec plus ou moins d’intensité ces problématiques. J’ai une mise en application concrète et un savoir-faire pratique concernant ce sujet avec pas mal de chevaux différents!

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